D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours Ă©tĂ© convaincue de l’importance de placer la protection de l’environnement au cĹ“ur de nos prioritĂ©s. Mais on a tous des livres fĂ©tiches dans sa bibliothèque, qui nous marquent pour toujours. En voici quelques uns que j’ai toujours plaisir Ă relire.
- Vers la sobriété heureuse de Pierre Rabhi
Pierre Rabhi a vingt ans Ă la fin des annĂ©es cinquante, lorsqu’il dĂ©cide de se soustraire, par un retour Ă la terre, Ă la “civilisation hors sol” qu’ont largement commencĂ© Ă dessiner ce que l’on nommera plus tard les “Trente Glorieuses”. De son enfance dans le Sud algĂ©rien au usines françaises, Pierre Rabhi fait le constat de l’aliĂ©nation et des impacts psychologiques et sociaux d’un travail cadencĂ©, Ă©crasĂ© par les enjeux financiers, oĂą l’homme est dĂ©tachĂ© de ce qu’il fabrique, privĂ© de tout sens dans son action et de lien avec la nature.
J’ai eu la chance d’interviewer cet homme d’une grande sagesse. Il a cette facultĂ© d’expliquer des pensĂ©es profondes de manière simple et limpide. Il respire Ă©galement la bienveillance, ce qui est toujours agrĂ©able quand il s’agit d’une interview (et Dieu sait qu’il en a fait des interviews !…). -  Printemps silencieux de Rachel Carson
Incontournable, cet essai de la cĂ©lèbre biologiste marine et militante Ă©cologiste amĂ©ricaine, constitue un des premiers ouvrages sur le scandale des pesticides. C’est grâce Ă Printemps silencieux que les Etats-Unis ont interdit le DDT. Cette victoire historique d’un individu contre les lobbies de l’industrie chimique est Ă l’origine du mouvement Ă©cologiste, dans les annĂ©es 60. En Ă©tudiant l’impact des pesticides sur le monde vivant, du sol aux rivières, des plantes aux animaux, et jusqu’à nos cellules et notre ADN, Rachel Carson a rĂ©alisĂ© un travail colossal, Ă l’image de son engagement. Son exposĂ© est limpide et abordable. Avec plus de 2 000 000 d’exemplaires vendus dans le monde, on peut dire que Printemps silencieux est un ouvrage incontournable du mouvement Ă©cologiste.
- Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson
A mes yeux, c’est un peu un “Walden” en version plus moderne. Avec l’avantage sur le premier que le style de Sylvain Tesson est plus fluide et poĂ©tique que celui de Thoreau. J’ai apprĂ©ciĂ© de suivre l’Ă©crivain dans ses aventures en Bouriatie, Ă proximitĂ© du lac BaĂŻkal. Je l’ai beaucoup enviĂ©, aussi. Qui ne rĂŞve pas de mettre sa vie en pause, le temps d’un sĂ©jour au contact des Ă©lĂ©ments ? VoilĂ un extrait qui constitue une belle entrĂ©e en matière : “Assez tĂ´t, j’ai compris que je n’allais pas pouvoir faire grand-chose pour changer le monde. Je me suis alors promis de m’installer quelque temps, seul, dans une cabane. Dans les forĂŞts de SibĂ©rie. J’ai acquis une isba de bois, loin de tout, sur les bords du lac BaĂŻkal. LĂ , pendant six mois, Ă cinq jours de marche du premier village, perdu dans une nature dĂ©mesurĂ©e, j’ai tâchĂ© de vivre dans la lenteur et la simplicitĂ©”.
• Wild de Cheryl Strayed
Mais pourquoi donc mettre ce livre dans ma sĂ©lection, qui parle plus d’une quĂŞte personnelle que d’Ă©cologie ?
Comme je le disais, on rĂŞve tous Ă un moment ou un autre de lâcher son quotidien pour partir Ă l’aventure. Cette AmĂ©ricaine l’a fait, sans rien connaĂ®tre Ă la randonnĂ©e, Ă©quipĂ©e de son seul sac-Ă -dos et de chaussures de rando trop petites… Et attention, elle ne s’attaque pas Ă n’importe quelle rando ! LestĂ©e d’un lourd passĂ© d’addictions, Cheryl Strayed choisit de s’en remettre Ă la nature et de parcourir les 1700 kilomètres du sentiers des crĂŞtes du Pacifique (connus sous l’abrĂ©viation de “PCT” en anglais). Ce rĂ©cit nous plonge sur la voie d’une “rĂ©surrection” par le retour Ă la nature et la contemplation de sa beautĂ©. C’est donc en rĂ©alitĂ© un rĂ©cit qui parle d’Ă©cologie au travers de notre lien essentiel Ă la nature.
- Feral de George Monbiot
S’appuyant sur des dĂ©couvertes scientifiques quant au fonctionnement des Ă©cosystèmes naturels, George Monbiot partage dans cet essai sa vision d’un “environnementalisme positif”. Son objectif : montrer comment les Ă©cosystèmes endommagĂ©s peuvent ĂŞtre restaurĂ©s, et comment cette restauration peut revitaliser et enrichir nos vies. Loin de l’Ă©co-anxiĂ©tĂ© gĂ©nĂ©rĂ©e par certains livres sur le sujet, ce journaliste britannique spĂ©cialisĂ© sur les sujets d’Ă©cologie, tisse un magnifique rĂ©cit de ces lieux oĂą la faune et la flore sont encore prĂ©servĂ©es. Parcourant les collines de Grande-Bretagne et les forĂŞts d’Europe, faisant du kayak au large des cĂ´tes du Pays de Galles en compagnie de dauphins et d’oiseaux marins, il part en quĂŞte d’espaces qui possèdent encore un caractère sauvage. “Le rĂ©-ensauvagement, affirme Monbiot, offre une alternative Ă un printemps silencieux : la possibilitĂ© d’un Ă©tĂ© bruyant oĂą les humains se rapprochent de leur nature profonde”. On ne peut ĂŞtre plus d’accord avec ça.
Il y en a Ă©videmment plein d’autres, et certains que j’ai dĂ» oublier… RĂ©cemment, j’ai apprĂ©cié le roman Mon cĹ“ur contre la terre d’Eric Kermel. Il est journaliste pour Terre Sauvage, notamment, un de mes magazines prĂ©fĂ©rĂ©s. J’ai Ă©galement apprĂ©ciĂ© le  Journal de guerre Ă©cologique d’Hugo ClĂ©ment. Il a LE “dreamed job” Ă mes yeux, donc mĂŞme si ses mĂ©thodes ne plaisent pas Ă tout le monde, la lecture de son livre me semblait incontournable. Je vous conseille aussi  La panthère des neige de Tesson, vĂ©ritable ode Ă la beautĂ© du monde et Ă la nĂ©cessitĂ© universelle de protĂ©ger la biodiversitĂ©. De manière gĂ©nĂ©rale, tous les livres de Sylvain Tesson sont des petits bijoux que je garde prĂ©cieusement dans ma bibliothèque. J’ai beaucoup aimĂ© Sur les chemins noirs pour la parenthèse qu’il offre dans le tumulte de la “France startup”, high tech et hyper connectĂ©e. Enfin, le plus connu de tous est probablement le Manuel de Transition de Rob Hokins. Mais ce dernier, difficile Ă rĂ©sumer, mĂ©riterait un article Ă lui seul…
Et vous ? Quels sont vos indispensables lectures Ă©colos ? Si vous avez des coups de cĹ“ur Ă partager, n’hĂ©sitez pas Ă commenter ci-dessous.